AUDIENCE SOLENNELLE DE LA COUR DE CASSATION

DU 14 JANVIER 2019

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"Une rentrée solennelle apaisée pour la première fois depuis plusieurs années"
Frédéric Fabre docteur en droit.

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- Discours de Monsieur le premier président de la Cour de Cassation au format PDF

- Discours de Monsieur le Procureur Général près de la Cour de Cassation au format PDF

- Statistiques 2018 de la Cour de Cassation au format PDF

- La vidéo de la rentrée solennelle sur You Tube

- Le CSM a choisi Chantal Arens comme Présidente de la Cour de Cassation

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Monsieur le Procureur général Molins a rappelé qu'avec lui, nous aurons un pilote dans l'avion pour la lutte contre le terrorisme sans que nous y perdions notre âme. Il a dit :

"Mesdames messieurs, notre République, notre démocratie, a à nouveau été légitimement bouleversée par les nouvelles victimes de l’attentat terroriste du marché de Noël à Strasbourg le 11 décembre dernier. Ce nouvel attentat vient nous rappeler la permanence de la menace terroriste, menace diffuse, atomisée, avec le risque de voir passer à l’acte des individus inspirés par l’idéologie mortifère de DAESH et donc, plus difficiles à détecter pour les services de renseignement. Le sort de ces victimes bafoue nos valeurs les plus essentielles, le droit à la vie, la tolérance, la liberté d’opinion et de religion. (-)

.....contre les auteurs de tels actes terroristes, quels que soient nos sentiments d’indignation, la lutte doit se faire avec les armes de notre Etat de droit et en respectant les principes fondamentaux inscrits dans notre Constitution et dans la Convention européenne. Ainsi, il ne saurait y avoir, en dehors d’une procédure pénale, de détention de personnes prés entant des signes ou des risques de radicalisation. On ne peut emprisonner quelqu’un avant qu’il ait commis ou tenté de commettre une infraction. Ce combat contre le terrorisme, nous devons continuer à le mener avec les seules armes de la loi et de la justice: c’est tout l’honneur de notre République."

Il propose une réforme que je soutiens parfaitement :

“Une réforme des conditions d’exercice de la justice passe donc actuellement par un tri des pourvois, mais aussi, on ne le dit pas assez par une redéfinition des cours d’appel qui implique un accroissement des effectifs afin que la collégialité soit toujours assurée, une spécialisation régionale cassant cette carte judiciaire obsolète à plus d’un titre et, pour que le contrôle de légalité que doit exercer la Cour soit mieux compris et imprègne davantage les décisions du second degré, la création d’un stage préalable à la Cour de cassation des nouveaux présidents de chambre. Avancer de telles propositions peut sembler utopique. Mais il est aussi utopique de croire que l’on améliorera le fonctionnement de la justice en saupoudrant des réformes”.

Ainsi s’exprimait Pierre TRUCHE, procureur général à l’audience de rentrée de la Cour en janvier 1994 il y a déjà 25 ans! Le temps passe mais les mêmes problèmes demeurent......

Il redéfinit le rôle du parquet général près de la Cour de Cassation :

“rendre des avis dans l’intérêt de la loi et du bien commun et éclairer la Cour sur la portée de la décision à intervenir”.

Le droit n'est donc pas seul examiné puisque les conséquences de la décision à venir sont aussi examinées.

Il défend le parquet pour qu'il soit un peu plus indépendant.

"L’appartenance à la magistrature des membres du ministère public est pourtant essentielle; elle garantit une éthique et une déontologie commune avec les magistrats du siège. Sur ce point, la réforme constitutionnelle prévoyant l’avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature pour les nominations au parquet et l’alignement de la procédure disciplinaire sur celle des magistrats du siège, fait aujourd’hui l’unanimité. Elle est rendue indispensable par l’accroissement des pouvoirs du parquet. Elle garantira et renforcera l’unité du corps. Nul ne comprendrait qu’elle n’aboutisse pas dès lors rapidement."

Pour ma part, je continue à penser que le parquet doit sa légitimité démocratique à l'élection au suffrage universel du Président de la République et qu'à ce titre, il doit rester attaché au pouvoir hiérarchique du ministre de la justice garde des sceaux. Sa dépendance n'a pas d'importance puisque comme le rappelle la CEDH, il n'a pas la fonction de juger mais d'accuser.

CHANTAL ARENS

PREMIERE PRESIDENTE DE LA COUR DE CASSATION

Nous avons non pas seulement une femme comme nouvelle première Présidente de la Cour de Cassation mais aussi une grande première Présidente de la Cour de Cassation.

Les défenseurs des droits de l'homme ne peuvent que s'en réjouir. Cette dame a le parfait diagnostique des défauts de la justice en France. Elle a fait la chasse contre les connivences.

Son discours du 15 janvier 2019 lors de la rentrée solennelle de la Cour d'Appel de Paris dont elle était la première présidente, démontre sa parfaite compréhension des difficultés.

Elle a surtout compris que la justice doit se réformer en profondeur dans ses pratiques, pour réduire le fossé entre les citoyens et le système judiciaire.

La majorité des magistrats l'ont compris puisqu'elle est choisie. Les choses avancent !

INTERVIEW AU JOURNAL LE MONDE DU 12 DECEMBRE 2019

Il reste aux barreaux de France de le comprendre car arc - boutés sur leur rente, ils sont actuellement à côté de la plaque. Nous l'avons encore vu lors de la dernière réforme de la justice.

Installée le 6 septembre, la première présidente de la Cour de cassation prend le contre-pied de son prédécesseur, qui préconisait un filtrage pour réduire le nombre d’affaires à examiner. Chantal Arens, préférant ne pas s’aventurer dans les débats institutionnels, s’inquiète de l’état des cours d’appel et du recul de la collégialité.
 

Alors que la confiance des Français dans la justice s’érode et que la question de l’indépendance du parquet ressurgit, que préconisez-vous ?

La justice oeuvre pour les citoyens, pas pour elle-même. La Cour de cassation contribuera à la réponse à cette question de la confiance, en particulier au sujet de l’accès des justiciables à la Cour de cassation. J’ai une approche systémique du fonctionnement de la justice, avec une action pragmatique à court terme pour la Cour de cassation et une vision à moyen terme. Je préfère réfléchir à des enjeux concrets, comme l’open data, plutôt que de débattre d’une vision institutionnelle de la justice. Au sujet du statut du parquet, il y a un consensus pour souhaiter l’inscription, dans la Constitution, de la nomination sur avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature. L’indépendance est un sujet extrêmement important mais, par exemple, le déficit de magistrats civilistes est un problème immédiat dans le fonctionnement de la justice en France.

D’où vient ce problème ?

Les jeunes magistrats ont un prisme en faveur du pénal, alors que la justice civile représente 55 % des contentieux des tribunaux. La situation est préoccupante. Or, la collégialité a beaucoup reculé en quinze ans dans le fonctionnement des juridictions. La collégialité est un facteur de qualité de la justice.

Que préconisez-vous ?

Nous avons trop d’affaires par rapport au nombre de magistrats et de fonctionnaires de justice. Donc, soit on limite le champ d’intervention du juge, soit on augmente les effectifs. Je pense qu’il faudrait fortement développer la médiation, même s’il y aura toujours un recours au juge. Il faut changer l’état d’esprit français sur la médiation.

Un rapport de l’Inspection générale de la justice préconise de limiter les possibilités d’appel en matière civile, commerciale et sociale. Qu’en pensez-vous ?

Ce qui me frappe dans ce rapport, c’est la situation des cours d’appel. Il y a un effort important à faire en termes de moyens. Les débats théoriques comme celui sur l’appel comme voie d’achèvement de la première instance ou voie de réformation me semblent moins urgents. J’ai réuni récemment les premiers présidents de cours d’appel pour leur présenter mon approche. Dès janvier, la Cour de cassation va leur apporter un soutien en termes d’outils sur la méthodologie de l’arrêt d’appel ou sur le contrôle de proportionnalité auquel les juges doivent se livrer.

Lors de votre installation solennelle, vous avez parlé « harmonisation de l’interprétation du droit ». Quelle disharmonie faut-il corriger ?

J’ai demandé aux cours d’appel de faire remonter les questions nouvelles ou de principe. L’objectif est d’être en mesure d’y répondre rapidement, comme la Cour l’a fait récemment avec un avis sur le barème des dommages et intérêts en matière prud’homale. Nous devons être très à l’écoute des juridictions du fond. La Cour de cassation statue en droit, mais n’est pas déconnectée de la société et voit les évolutions extrêmement fortes, notamment en matière de filiation, d’environnement ou de droits sociaux. Il y a une excellente proposition dans le rapport Nallet : rendre obligatoires les avis de la Cour de la cassation.

Cela ne revient-il pas à caporaliser les juges ?

Pas du tout. Il y a 164 tribunaux de grande instance, 37 cours d’appel, un grand nombre de conseils des prud’hommes et de tribunaux de commerce… Même si l’assemblée plénière se réunit plus souvent, les avis de la Cour seront en nombre limité.

On en vient à la question du filtrage des pourvois à la Cour de cassation proposé par votre prédécesseur…

J’ai toujours été contre le filtrage. Ce n’est pas dans la culture française. Vous ne pouvez pas traiter tous les dossiers de la même façon quand 16 000 à 20 000 affaires civiles sont adressées chaque année à la Cour de cassation, mais il existe d’autres solutions que le filtrage. Mon objectif est de faciliter l’accès des justiciables à la Cour de cassation et de renforcer le traitement différencié des pourvois. Il existe déjà une procédure de non-admission pour un nombre important de pourvois portant sur des jurisprudences très établies dans le sens du rejet ou de la cassation. Nous pouvons la renforcer. Nous devons surtout mieux identifier les questions émergentes de principes qui nécessitent de statuer rapidement, comme un sujet d’enlèvement international d’enfant ou de mineur étranger isolé. J’ai mis en place une dizaine de groupes de travail pour avoir une meilleure visibilité sur ces contentieux et pour que toutes les chambres travaillent de la même façon.

Pourquoi bousculer les chambres de la Cour attachées à leur indépendance ?

Chacun doit avoir le sentiment d’appartenir à un ensemble qui le dépasse. Quant au justiciable, il doit savoir que le traitement de son affaire sera le même devant toutes les chambres, à contentieux équivalent. Par ailleurs, je souhaite que l’assemblée plénière ou les chambres mixtes formées par la réunion de deux chambres se réunissent lorsque des questions de principe se posent. Déjà, mon prédécesseur avait décidé de convoquer plus souvent l’assemblée plénière. Elle se sera réunie sept fois en 2019, contre quatre ou cinq fois par an habituellement.

En tant que présidente du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), vous voulez améliorer la gestion des ressources humaines des magistrats. Que comptez-vous faire ?

Dans son pouvoir de proposition de nominations des premiers présidents de cour d’appel et des présidents de tribunaux de grande instance, le CSM a décidé de ne plus procéder qu’à deux mouvements annuels, en janvier et en septembre, plutôt que tous les quinze jours au fil de l’eau. Désormais, nous aurons une vision globale des mouvements à opérer, avec une gestion prévisionnelle, par exemple, des départs en retraite. Nous allons aussi commencer en janvier des entretiens de carrière pour les présidents et les premiers présidents.

C’est une révolution culturelle dans la magistrature…

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