DE DREYFUS A LA GUERRE
Pour plus de sécurité, fbls la Troisième République de Dreyfus
à la Guerre est sur : https://www.fbls.net/3iemerepubliquec.htm
'Les français se sont déchirés entre eux sans voir que la guerre les attendait
pour les massacrer"
Frédéric Fabre docteur en droit
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- L'AFFAIRE DREYFUS
- LA RÉPUBLIQUE ANTICLÉRICALE S'IMPOSE
- LA "BELLE EPOQUE" VA VERS LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
- LES TÉMOIGNAGES DANS LA LITTÉRATURE, LA CHANSON ET LES FILMS
- LA LETTRE D'EMILE ZOLA "J'ACCUSE" PARUE DANS L'AURORE DU 13 JANVIER 1898
- LES LIENS EXTERNES
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L'AFFAIRE DREYFUS
à Sandra
1894
Septembre: Affaire Dreyfus: le "bordereau"
est découvert à l'ambassade d'Allemagne. Madame Bastian, une femme de ménage qui ne savait ni
lire ni écrire vide les poubelles et les rapporte aux services français des
statistiques
chargés aussi du renseignement et de l'espionnage. Le "Bordereau" est une lettre-missive, partiellement déchirée en six grands morceaux, écrite sur du
papier pelure, non signée et non datée. Elle est adressée à l'attaché
militaire allemand en poste à l’ambassade d’Allemagne, Max von Schwarzkoppen.
Elle établit que des documents militaires confidentiels, mais d'importance
relative, étaient sur le point d'être transmis à une puissance étrangère.
17-22 septembre: Le Congrès corporatif de Nantes adopte le principe
de grève générale.
6 octobre: Le problème pour
le Gouvernement est de justifier sa possession du bordereau sans déclencher la
guerre avec l'Allemagne. Le ministre des affaires étrangères Hanotaux qui veut
renforcer l'alliance avec l'Allemagne veut régler cette affaire avec
discrétion. Pour étouffer l'affaire, le Gouvernement aurait pu
envoyé silencieusement l'officier auteur de cette lettre se faire tuer dans
une colonie. Les documents transmis n'étaient que d'une importance
secondaire. Cette affaire n'avait pas au fond, une importance capitale.
L'antisémitisme, le boulangisme, la défense d'une armée bafouée en 1870 et la protection des
droits de la défense sont les causes réelles de l'ampleur phénoménale de cette
affaire qui va créer une coupure à l'intérieur même de chaque parti. Des
hommes de gauche comme Rochefort seront antidreyfusards par fidélité au
boulangisme. A droite, Paul Valery, Octave Mirbeau et Raymond Poincaré
se révèlent dreyfusard.
En 1894, le ministre, le général Mercier,
violemment attaqué dans la presse pour son incompétence, veut tirer parti de
cette affaire secondaire pour rehausser son image. Il a diligenté deux enquêtes secrètes,
l’une administrative et l’autre judiciaire. Pour trouver le coupable, le
colonel Fabre nommé enquêteur, doit restreindre le
cercle de ses recherches à un suspect en poste ou un
ancien collaborateur à l’État-major, nécessairement artilleur et officier
stagiaire. Le capitaine Alfred Dreyfus est l'un des seuls à répondre à tous
ces critères prédéterminés. De plus, il est mal aimé par ses collègues du
quatrième bureau car né à Mulhouse, il est alsacien donc arbitrairement jugé
proche des allemands !
13 octobre: Dreyfus est
convoqué en civil à l'État major pour lui faire faire des écritures. Le
commandant du Paty de Clam, homme original qui se pique d’expertise
graphologique compare les écritures de Dreyfus avec le bordereau. Il conclut
d’emblée à l'identité des deux écritures. Après une journée de travail
complémentaire, il assure dans un rapport que, malgré quelques dissemblances,
les ressemblances sont suffisantes pour justifier une enquête. Dreyfus est donc
«l'auteur probable» du bordereau pour
l'État-major.
15 octobre: Du Paty de Clam
tente de suggérer le suicide à Dreyfus, en plaçant un revolver devant lui, mais
l'accusé refuse d'attenter à ses jours, affirmant qu'il
« veut vivre afin d'établir son innocence ». L'espoir des militaires est
déçu. le général Mercier fait arrêter le capitaine et l'inculpe d'intelligence
avec l'ennemi afin qu'il soit traduit devant un Conseil de guerre. Dreyfus est
incarcéré à la prison du cherche midi.
3 décembre:
Joseph Reinach a été un proche de Gambetta dont il a été le chef de cabinet. Il
est élu député de Digne en 1889. Au moment de l'arrestation d'Alfred Dreyfus,
Joseph Reinach a l'intuition de son innocence. Il fait une démarche auprès du
président de la République, Casimir-Perier, afin que le capitaine Dreyfus ne
soit pas jugé à huis clos. Il fait campagne dans "Le Siècle" d'Yves Guyot,
et ses articles susciteront pendant toute l'affaire, des réactions violentes
dans la presse nationaliste et antidreyfusarde.
12 décembre: Les troupes françaises occupe Tamatave
à Madagascar.
19 Décembre: Le Procès Dreyfus commence dans
un huis clos pratique pour cacher un dossier vide. L'accusé lui même clame son
innocence, et se défend point par point avec énergie et logique. Ses
déclarations sont appuyées par une dizaine de témoignages à décharge.
L'absence de mobile pour le crime parait dans le dossier d'accusation. Dreyfus
était un officier très patriote et très bien noté par ses
chefs, et surtout très riche, il n'avait donc aucune raison tangible de
trahir. La justification par la judéité de Dreyfus, seule retenue par la
presse de droite, ne pouvait l'être par un tribunal. Les témoins militaires du
procès alertent le commandement sur les risques d'acquittement. Dans cette
éventualité, la Section de statistiques avait préparé un "dossier secret",
contenant quatre preuves "absolues" de la
culpabilité du capitaine Dreyfus, accompagnées d'une note explicative.
Celui-ci est remis au début du délibéré, en toute illégalité et sans qu'il ne
puisse être discuté, au président du Conseil de guerre le colonel Émilien
Maurel, sur ordre du ministre de la Guerre, le général Mercier.
22 décembre: À l'unanimité
des sept juges, Alfred Dreyfus est condamné pour trahison
"à la destitution de son grade, à la dégradation
militaire, et à la déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée",
soit au bagne en Guyane. Dreyfus n'est pas condamné à mort car la peine
capitale est abolie pour crime politique. Pour les autorités, la presse et le
public, les quelques doutes d'avant procès sont dissipés. La culpabilité est
certaine; à droite comme à gauche, l'abolition de la peine de mort pour crime
de trahison est regrettée. L'antisémitisme atteint des sommets dans la presse
et se manifeste dans toutes les couches sociales de la population
française. Jean Jaurès regrette la douceur de la peine dans une adresse à la
Chambre, et écrit : "un troupier vient d'être condamné
à mort et exécuté pour avoir lancé un bouton au visage de son caporal. Alors
pourquoi laisser ce misérable traître en vie?"
1895
5 janvier: Le capitaine Dreyfus
est dégradé dans la cour de l'École militaire. Les témoins signalent
"la grande dignité" ou "l'invraisemblable passivité" de Dreyfus. L'affaire de
la légende des aveux commence: avant sa
dégradation, dans le fourgon qui l'amenait, Dreyfus aurait
confié sa traîtrise au capitaine Lebrun Renault en présence du capitaine d'Attel.
voici le propos rapportés par le capitaine Lebrun Renault: "Je suis innocent.
Dans trois ans on reconnaîtra mon
innocence. Le ministre le sait: il me l'a fait dire, il y a quelques jours
dans ma cellule, par le commandant Paty de Clam et il sait que, si j'ai livré
des documents, ils étaient sans importance et que c'était pour m'en procurer
de plus sérieux, de plus importants"
photo cc-by Philipp Weigell thanks
him !
Le capitaine d'Attel a été trouvé mort le 1er octobre
1895 sans rien dire. Il ne reste que la parole du capitaine Lebrun Renault.
Personne d'autre n'était dans le fourgon et personne ne peut savoir ce qu'a
réellement déclaré Dreyfus. L'aveu qui n'est pas un aveu, d'un prisonnier qui
craint pour sa famille alors qu'il part pour le bagne, ne peut avoir aucune
valeur de preuve. Pourtant, les antidreyfusards, face à un dossier
d'accusation vide, se tiendront sur les prétendus aveux alors qu'au pire,
selon le capitaine Lebrun Renault, il aurait agi sur ordre dans une mission d'espionnage.
Du fait de la nature de l'affaire touchant à la sécurité
nationale, le prisonnier est mis au secret dans une cellule en attendant son
transfert.
14 janvier:
Les troupes françaises occupe Manjunga à Madagascar. Le ministère Dupuy
tombe sur les lois scélérates.
16 janvier: Casimir-Perier démissionne de la
Présidence de la République. Il se voit ignoré par les ministres qui ne le
consultent pas avant de prendre des décisions et ne l’informent pas des
événements politiques, surtout dans le domaine des affaires étrangères. Il
ne veut pas être une potiche chargée d'inaugurer des chrysanthèmes.
17 janvier: Félix Faure est élu président de la
République.
Dreyfus est transféré au bagne de l'île de Ré, où il
est maintenu plus d'un mois. Il a le droit de voir sa femme deux fois par
semaine, dans une salle allongée, chacun à un bout, le directeur de la
prison au milieu.
26 janvier: Ribot
forme son troisième ministère.
21 février: Dreyfus part pour l'île du
Diable sur le vaisseau Ville-de-Saint-Nazaire.
12 mars:
Après une traversée pénible de quinze jours, le navire mouille au large des
îles du Salut. Dreyfus reste un mois au
bagne de l'île Royale avant son transfèrement à l'île du Diable.
14 avril:
Dreyfus est débarqué à l'île du Diable. Avec ses gardiens, il est le seul
habitant de l'île, logeant
dans une case de pierre de quatre mètres sur
quatre. Hanté par le risque de l'évasion, le
commandant du bagne fait vivre un enfer au condamné alors que
les conditions de vie sont déjà très pénibles. Dreyfus tombe malade, secoué par
les fièvres qui s'aggraveront d'année en année.
16 avril: La Taxe d'abonnement sur les biens des congrégations
est votée.
6 mai: Le général Duchesne arrive à Madagascar.
16 juin: Un décret institue le gouvernement général de l'Afrique-Occidentale
française (AOF).
23-26 septembre: La C.G.T réunit son
congrès constitutif à Limoges.
30 septembre: Tananarive est prise. La reine Ranavalo
capitule et accepte le protectorat français sur Madagascar.
1er octobre: Le Traité franco-malgache est
signé.
28 octobre: Le ministère d'Alexandre Ribot
tombe.
1er novembre: Léon Bourgeois forme son
ministère.
12 novembre: Le marquis
Albert de Dion crée l'automobile club.
1896
5 janvier:
L'Accord franco-britannique sur le Siam est signé.
18 janvier: Un acte de prise de possession de Madagascar se
substitue au protectorat.
Mars: Le télégramme
appelé le «petit bleu» adressé par Schwartzkoppen à Ferdinand Walsin
Esterhazy
est intercepté.
23 avril: Le ministère Bourgeois chute.
29 avril: Jules Méline forme son
ministère. Hanotaux retrouve son portefeuille de ministre des affaires
étrangères et prône le renforcement de l'alliance avec la Russie qui
deviendra un pont pour l'alliance avec l'Allemagne.
3-10 mai: Les Élections municipales
enregistrent de nombreux succès des socialistes.
24 mai: Le Congrès ouvrier chrétien se
réunit à Reims.
30 mai: Dans son discours à Saint-Mandé, Alexandre Millerand affirme que le socialisme doit conquérir les pouvoirs publics par le
suffrage universel et non par des moyens révolutionnaires.
Juillet: le
lieutenant-colonel Georges Picquart constate la similitude de l'écriture
du bordereau et celle d'Esterhazy, il alerte en vain ses supérieurs.
Ayant accès au dossier secret, il s'aperçoit qu'il est vide. Ses
supérieurs interrogés donnent pour toute réponse l'envoi de Picquart en
mission dans l’Est de la France pour l'éloigner.
6 août: La loi d'annexion de Madagascar
est votée. Madagascar devient colonie.
24 août: Le Congrès ecclésiastique se
réunit à Reims.
30 septembre:
L'Italie reconnaît dans une Convention, la souveraineté de la France sur
la Tunisie.
28 septembre: Gallieni prend ses fonctions de gouverneur général
de Madagascar.
5-8 octobre: Le Tsar russe Nicolas II et
son épouse viennent en visite officielle à Paris.
1er novembre: Le
commandant Henry est antisémite et membre du bureau des statistiques. Il fabrique un faux, le «faux Henry».
En conservant l'entête et la signature
d'une lettre quelconque de Panizzardi attachée militaire italien à
Paris, il rédige lui-même le texte central censé être envoyé au colonel von Schwartzkoppen:
« J'ai lu qu'un député va interpeller sur Dreyfus. Si on demande à
Rome nouvelles explications, je dirai que jamais j'avais des relations
avec ce Juif. C'est entendu. Si on vous demande, dites comme ça. Car
il ne faut pas que on sache jamais personne ce qui est arrivé avec
lui. » signé Alexandrine le nom de code de Panizzardi.
6 novembre: Le
dreyfusard Bernard Lazare publie à Bruxelles «Une erreur judiciaire, la
vérité sur l'affaire Dreyfus».
Décembre: Une enquête
aboutit à un non lieu en faveur d'Esterhazy.
1897
Janvier:
Picquart est envoyé en Tunisie. Une enquête administrative débute contre
lui. Le commandant Henry, mène de son propre chef, une opération
d'intoxication afin de compromettre le lieutenant colonel Piquart. Il se
livre à diverses malversations dont la fabrication d'une lettre le
désignant comme l’instrument du «syndicat juif»
voulant faire évader Dreyfus, le truquage du
«petit bleu» pour faire croire que Picquart a effacé le nom du
réel destinataire et la rédaction d'un courrier nommant Dreyfus en
toutes lettres.
28 Février:
Gallieni abolit la monarchie à Madagascar.
Mars: La mission Marchand part vers Fachoda
sur la demande du ministre des affaires étrangères Hanotaux.
Août: Félix Faure voyage
officiellement en Russie.
Le ministre des affaires étrangères Hanotaux l'accompagne.
10 octobre: Méline fait un discours
d'apaisement à l'égard des catholiques à Remiremont.
14 octobre: Clément Ader fait son
premier vol à Satory.
30 octobre:
Le vice-président du Sénat, Scheurer-Kestner révèle au ministre de la
Guerre ses convictions sur l'innocence de Dreyfus. Zola publie un article
en sa faveur dans le Figaro.
15 novembre:
Mathieu Dreyfus, le frère du capitaine porte plainte auprès du ministère de la
Guerre contre Esterházy. La polémique étant publique, l'armée n'a plus d'autre
choix que d'ouvrir une enquête.
7 décembre:
Scheurer-Kestner interpelle le Gouvernement au Sénat
en faveur de Dreyfus mais son intervention échoue.
Méline lui répond "Il n'y a pas
d'affaire Dreyfus. Il n'y a pas en ce moment et il ne peut pas y avoir d'affaire
Dreyfus".
Décembre: Une nouvelle enquête aboutit à un non lieu en faveur
d'Esterhazy.
Le Congrès démocrate chrétien est réuni à Lyon.
1898
10 janvier: Esterházy demande
lui-même à passer en jugement. Il se constitue prisonnier
à la veille du procès devant le Conseil de Guerre qui
jugera à huis clos. Les constitutions de parties civiles
demandées par Mathieu et Lucie Dreyfus leur sont refusées.
Les trois experts en écritures ne reconnaissent pas
l'écriture d'Esterházy dans le bordereau et concluent à la
contrefaçon. L'accusé est applaudi. Les témoins à charge
sont hués et conspués. Pellieux intervient pour défendre
l'État-major sans qualité légale. Le véritable accusé est
le colonel Picquart, sali par tous les protagonistes
militaires de l'Affaire. Esterházy, est acquitté à
l'unanimité dès le lendemain, après trois minutes de
délibéré. Sous les vivats, il a du mal à se frayer un
chemin vers la sortie où l'attendent 1 500 personnes. Par
erreur, un innocent a été condamné, mais par ordre, le
coupable est acquitté. Pour beaucoup de républicains
modérés, c'est une atteinte insupportable aux valeurs
fondamentales qu'ils défendent. L'acquittement d'Esterházy
amène donc un changement de la stratégie dreyfusarde. Au
libéralisme respectueux de Scheurer-Kestner, succède une
action plus combative et contestataire. En réaction à
l'acquittement, d'importantes et violentes émeutes
antidreyfusardes et antisémites ont lieu dans toute la
France.
11 janvier:
Le vice-président du Sénat, Scheurer-Kestner perd sa vice
présidence du Sénat.
13 janvier: "J'accuse" de Zola est publié par Clémenceau
dans l'Aurore qui passe de 60 000 exemplaires à 300 000
exemplaires.
18 au 25 janvier: Suite à
l'article de Zola, des manifestations
antisémites se déroulent dans toutes les grandes villes de
France: des devantures de magasins juifs sont détruites,
des synagogues assiégées et des individus molestées. En
Algérie, une chasse aux juifs est lancée. Max Régis
propose «d'arroser de sang juif, l'arbre de la liberté».
7 février: Le procès de Zola débute aux assises. La diffamation envers une
autorité publique est alors passible des Assises, alors que l'injure publique
proférée par la presse nationaliste et antisémite n'amène que très peu de
poursuites, et surtout quasiment aucune condamnation. Le ministre ne retient que
trois passages de l'article, soit dix-huit lignes sur plusieurs centaines. Il
est reproché à Zola d'avoir écrit que le Conseil de guerre avait commis une
« illégalité [...] par ordre ». Le procès s’ouvre
dans une ambiance de grande violence: Zola fait l'objet
de violentes attaques, tout comme d'importants soutiens et félicitations.
L'avocat de Zola, Fernand Labori est aidé pour préparer les questions
techniques du procès par Léon Blum.
23 février: Fernand Labori fait citer environ deux cents témoins. La
réalité de l'Affaire Dreyfus, inconnue du grand public, est diffusée
dans la presse. Plusieurs journaux publient les notes sténographiques in extenso des débats au jour le jour, ce
qui édifie la population. Celles-ci constituent pour les dreyfusards
un outil primordial pour les débats postérieurs. Cependant, les
nationalistes, derrière Henri Rochefort, sont alors les plus visibles et organisent des
émeutes, forçant le préfet de police à intervenir afin de protéger les sorties de Zola à chaque audience.
Ce procès est aussi le lieu d'une véritable bataille juridique,
dans laquelle les droits de la défense sont sans cesse bafoués.
De nombreux observateurs prennent conscience de la collusion entre
le monde politique et les militaires. À l'évidence, la Cour a reçu
des instructions pour que la substance même de l'erreur judiciaire
ne soit pas évoquée. Le président Delegorgue prétextant
l'allongement de durée des audiences, jongle sans cesse avec le
droit pour que le procès ne traite que de la diffamation reprochée à Zola. Sa phrase «la question ne sera pas posée», répétée des dizaines de fois, devient célèbre. Zola est condamné à 3000 francs et un an de prison. Avec les frais, la dette s’élève à 7 500 francs
payés par Octave Mirbeau.
24 février:
Le lieutenant-colonel Picquart est réformé «pour faute grave dans le service».
Dans L'Aurore du 27 février 1898 Clemenceau écrit: «Picquart est chassé
de l'armée pour avoir voulu la justice.»
26 février: Un Duel oppose le
chef du nationalisme antisémite rédacteur en chef de "La libre parole" Drumont
au rédacteur en chef de l'Aurore, Clemenceau qui gagne. Tous les français ont
une position dreyfusarde ou antidreyfusarde. Ce gouffre sépare les familles
françaises et chaque parti politique aussi bien les partis de droite que les
partis de gauche. La cause réelle de cette séparation n'est pas
seulement l'amour ou le rejet d'une armée qui s'est ridiculisée en 1870 mais
aussi et surtout l'antisémitisme. Les nationalistes antisémites pensaient que
les juifs soutenaient les allemands car certains d'entre eux dirigeaient des
banques à Frankfort. Ce raisonnement est étonnant vu le comportement des
autorités allemandes contre leurs ressortissants juifs. Caran d'Ache un caricaturiste nationaliste
dessine un dîner de famille qui commence bien avec cette maxime "Surtout ! ne
parlons pas de l'affaire Dreyfus !" Puis le dîner se transforme en pugilat avec
cette constatation: "....Ils en ont parlé....".
2 avril: L'arrêt condamnant Zola
est cassé pour vice de forme. La plainte aurait du être portée par le conseil de
guerre et non par le ministre. Comme Zola ne peut pas être rejugé pour les mêmes
faits en application du principe Non Bis in Idem soit pas deux fois pour la même
chose, Les juges du Conseil de guerre, mis en cause par Zola, portent plainte
pour diffamation. L’affaire est déférée devant les assises de Seine-et-Oise à
Versailles où le public passe pour être plus favorable à l’Armée et plus
nationaliste.
9 avril: La loi sur la réparation des accidents de travail
est votée.
8-22 mai: Les
Élections législatives donnent une large victoire à la Gauche
avec 489 sièges, surtout à la gauche modérée qui obtient à elle
seule 308 sièges, contre 96 sièges à la Droite républicaine ou
monarchiste.
Jaurès perd les élections à Carmaux. Les socialistes comme Jules
Guesde lui reproche son combat pour Dreyfus qui risque d'anéantir le
socialisme en France alors que la vraie cause est la réhabilitation
de la commune. Si Jules Guesde pense que Dreyfus est innocent,
il considère que les socialistes n'ont pas à se mêler d'un combat
qui ne regarde que deux fractions de la bourgeoisie.
L'essentiel est de gagner les élections ou de faire revenir les
masses populaires au pouvoir.
4 juin: En réaction contre ce
défaitisme de gauche, Ludovic Trarieux crée pour
défendre Dreyfus, la Ligue française pour la défense des Droits de
l'Homme et du citoyen appelée Ligue des droits de l'homme ou plus
communément LDH.
La LDH défend auprès des partis de gauche, la défense des droits
individuels de chaque citoyen, déjà exposés dans la déclaration des
droits de l'homme de 1789.
14 juin: Le ministère Méline chute.
Méline refuse de discuter sur l'affaire Dreyfus et en ce sens rend
un service aux antidreyfusards puisque sans discussion, comment
réfuter les arguments de l'adversaire ?
La Convention franco-anglaise sur la délimitation des
frontières africaines est signée.
28 juin: Brisson forme son Ministère.
5 juillet: La famille Dreyfus demande
la révision du procès.
7 juillet: Le ministre de la Guerre,
Jacques Godefroy Cavaignac, déclare à la chambre des députés
produisant deux pièces sans
savoir que ce ne sont que "les faux Henry": «La culpabilité de
Dreyfus n'est pas établie seulement par le jugement qui l'a condamné
; elle est encore établie par une pièce postérieure de deux années,
s'encadrant naturellement à sa place dans une longue correspondance
dont l'authenticité n'est pas discutable; elle est établie par cette
pièce de façon irréfutable (applaudissements). Messieurs, ce
n'est pas tout. Il y a encore un autre ordre de faits. Et je
déclare, quant à moi, dans ma conscience, que, tout le reste vint-il
à manquer, ce seul ordre de faits serait encore suffisant pour
asseoir ma conviction de façon absolue; je veux parler des aveux de
Dreyfus (mouvement). [...] Je n'ai plus qu'un vœu à formuler;
ce n'est peut-être qu'une illusion; c'est, en tout cas, une
espérance ardente: c'est que demain tous les Français puissent
s'unir pour proclamer que cette armée, qui fait leur orgueil et qui
fait leur espérance (vifs applaudissements), n'est pas
puissante seulement de la résolution avec laquelle elle a su
prendre, pour sauvegarder la sécurité nationale, les résolutions
nécessaires, n'est pas forte seulement de la confiance du pays, mais
qu'elle est forte aussi de la justice des actes qu'elle a eu à
accomplir (applaudissements prolongés sur tous les bancs.- M. le
ministre, en regagnant son banc, reçoit de nombreuses félicitations).
» Il retourne ainsi l'effet du procès Zola au profit des antidreyfusard mais il a
accepté de discuter. Les arguments peuvent être réfutés. Cette
victoire signe en réalité la perte des antidreyfusards.
10 juillet: La mission Marchand
s'installe à Fachoda au Soudan aux sources du Nil.
13 juillet: L’État-major arrête le lieutenant-colonel
Picquart sous l'accusation de violation du secret professionnel. il
restera près d'un an aux arrêts au Mont Valérien.
18 juillet: Lors de son second procès
devant La Cour d'Assises de Seine et Oise, comme il va être condamné
et sur les conseils de son avocat, Zola s'exile à Londres.
13 août: Suite aux articles de Jean
Jaurès appelés "Les preuves" qui démontrent que la "nouvelle pièce"
ne peut être qu'un faux de plus, Cavaignac demande à son cabinet de
vérifier les documents. Le capitaine Cuignet, attaché
au cabinet de Cavaignac, qui travaille à la lumière d'une lampe,
observe que la couleur du léger quadrillage du papier de l'entête et
du bas de page ne correspondent pas avec la partie centrale.
Cavaignac tente encore de trouver des raisons logiques à la
culpabilité et la condamnation de Dreyfus mais ne tait pas sa
découverte du "faux Henry". Un conseil d'enquête est formé pour
enquêter sur Esterházy, devant lequel celui-ci panique et avoue ses
rapports secrets avec le commandant du Paty de Clam. La collusion
entre l'État-major et le traître est révélée.
30 août: Cavaignac demande des
explications au colonel Henry, en présence de Boisdeffre et Gonse.
Après une heure d'interrogatoire mené par le ministre lui-même,
Henry s'effondre et fait des aveux complets. Il est placé aux arrêts
de forteresse au Mont Valérien.
31 août: Le colonel Henry se suicide en
se tranchant la gorge avec un rasoir. Les nationalistes pensent
qu'il a été assassiné par la police sur ordre du gouvernement.
Charles Maurras excuse le faux par le concept de "faux patriotique"
fabriqué pour faire éclater la vérité: Dreyfus est coupable. Cette
thèse trouve l'adhésion générale. Maurras devient alors le chef
naturel de la droite nationaliste.
7 septembre: Esterhazy
fuit en Angleterre pour ne pas être arrêté. Il y restera jusqu'à sa
mort en 1923 sans être jugé. Il sera d'abord le correspondant du
journal La libre Parole de Drumont puis en 1908 il s'installe
définitivement dans l'est de l'Angleterre à Harpenden et dissimule son
identité sous le nom du comte Jean de Voilemont. Il sera correspondant
du journal L'Éclair de 1911 à 1917.
19 septembre: L'anglais Kitchener rencontre
Marchand à Fachoda. Il lui demande d'évacuer Fachoda. Marchand
répond qu'il ne le fera que sur ordre de son gouvernement. C'est la
crise de Fachoda entre la France et l'Angleterre.
24 septembre: La mission Foureau-Lamy
part au Sahara.
26 septembre: Le gouvernement demande à la Cour de cassation
d'examiner le recours en révision du procès Dreyfus.
29 septembre: Le chef soudanais Samory Touré est capturé par
le capitaine Gouraud.
4 octobre: Dans le "Journal", Maurice Barrès publie un "état de la
question" sur l'affaire Dreyfus. Pour lui, son innocence auquel il croit au fond
de lui, est devenue secondaire. "Son pire crime est d'avoir servi pendant cinq
ans à ébranler l'Armée et la Nation totale".
26 octobre: Le ministère Brisson chute.
1er novembre: Charles Dupuy forme son
ministère.
7 novembre: Marchand reçoit l'ordre du
nouveau ministre des affaires étrangères Delcassé, d'évacuer
Fachoda. C'est un camouflet pour l'armée française en pleine affaire
Dreyfus et après la défaite de 1870. C'est le prix à payer pour
renverser les alliances au profit de l'Angleterre contre
l'Allemagne.
Delcassé
sait que la guerre avec l'Allemagne ne peut être évitée que si la
France a des alliés forts comme l'Angleterre et que la recherche
d'une alliance avec l'Allemagne ne peut aboutir qu'à ce que
l'Allemagne envahisse le territoire national. De retour en France,
Marchand sera fêté et applaudi mais il ne veut pas devenir un
nouveau Boulanger. Il reste dans le rang sans prêter attention aux
manifestations de sympathie qu'il suscite.
31 décembre: en réaction à la crise de
Fachoda et à la LDH, la Ligue de la Patrie Française est créée par
Jules Lemaître, François Coppée et Paul Bourget. Rapidement Maurice
Barrès et Jules Lemaître deviennent les deux têtes pensantes
de la ligue. Ils sont de droite, républicains et nationalistes. Bien
que la ligue sera dissoute en 1904, son héritage restera au fils de
la quatrième et cinquième républiques. La ligue a transformé le
nationalisme bonapartiste, en nationalisme républicain.
1899
10 février: La loi de "dessaisissement" de la Chambre criminelle
au profit de l'Assemblée plénière est votée pour examiner la
révision de la condamnation de Dreyfus.
Le Président de la chambre civile Quesnay de Beaurepaire avait
accusé ses collègues de la chambre plénière d'être dreyfusards et
avaient démissionné pour devenir le héros des nationalistes. Face à
ce nouvel incident, seule l'assemblée plénière pouvait trancher.
16 février: Félix Faure meurt à l'Élysée dans les bras
de sa maîtresse, Madame Steinheil, la femme d'un peintre. Sa mort
apparaît suspecte pour les nationalistes car attentionné auprès de
l'armée et bon cavalier, il est antidreyfusard.
Le médecin arrive
à L'Élysée et interroge un garde républicain: - Il a encore sa
connaissance? Le garde lui répond: - Je crois bien. Il
était quasiment collé à elle. Il arrive en courant dans le bureau
du Président Félix Faure et reformule sa question: - Il a perdu
connaissance? Le huissier lui répond: - Elle est
sortie par la porte de service
!Les talents buccaux de Madame Steinheil ont provoqué la
crise cardiaque du président: "Il voulait être César, il ne
fut que Pompée !" |
18 février: Émile Loubet est élu à la présidence de la
République. Il est coopté par défaut par les radicaux et les
socialistes contre Méline. Loubet est un ancien de Panama réfugié
au Sénat et dreyfusard. Les nationalistes l'appellent "l'élu des
juifs".
23 février: Lors des Obsèques
nationale de Félix Faure, avec Guérin et le royaliste
Buffet, Déroulède fait une romantique tentative
de coup d'État. Il prend par la bride le cheval du général Roget
et tente de l'emmener vers l'Élysée. Le général s'y refuse et le
fait arrêter. Déroulède est condamné à 10 ans de bannissement. Barrès prend sa défense tout en
le déclarant seul responsable pour se disculper. Millerand, alors
ministre du commerce intervient pour que Maurice Barrès ne soit
pas inquiété. Trois mois plus tard, Déroulède est relâché et banni
en Espagne jusque 1905, année où il bénéficiera d'une amnistie. A
cause de ce coup d'état, seront aussi bannis l'ancien président du
conseil André Buffet et le comte Eugène de Lur Salurces alors
propriétaire du château Yquem dans le Bordelais. Les deux
royalistes s'exilèrent
à Bruxelles. Maurras les interrogea tous deux pour
publier "enquête sur la monarchie". Leurs entretiens leur donna
l'auréole de maître à penser du royalisme et de l'Action
Française.
21 mars: La Convention franco-anglaise de Londres sur le Soudan égyptien
fait renoncer les français au Nil.
3 juin: L'arrêt de révision de
l'assemblée plénière de la Cour de cassation renvoie Dreyfus
devant le Conseil de Guerre de Rennes. La révision est
obtenu à cause de la diffusion du dossier secret jugé
inapplicable au condamné et de l'attribution du bordereau à "un
autre officier".
4 juin: Le président Loubet est frappé à la tête par le
baron Christiani qui est nationaliste, lors du grand steeple-chase
d'Auteuil. Christiani écope de 4 ans de prison.
5 juin: Suite à l'arrêt de
révision, Zola rentre en France.
11 juin: En riposte des
nationalistes d'Auteuil, des manifestations républicaines de Longchamps
soutiennent le Président de la République.
12 juin: Le cabinet Dupuy chute.
22 juin: Élu par le Boc
Républicain, le radical Waldeck-Rousseau forme son ministère.
30 juin:
Dreyfus arrive en France pour se défendre lors de son second procès.
Juillet: Henri Vaugeois fonde l'Action Française avec Charles Maurras.
18 juillet: Esterhazy publie des
aveux dans le journal "Le Matin" contre rémunération.
Il déclare avoir rédigé le bordereau à la demande de Jean Sandherr
(photo à droite)
directeur du contre-espionnage militaire français, pour confondre
le généralissime Félix Gustave Saussier, qui aurait été la source
des informations
transmises.
C'est également la thèse de l'historien militaire
français Jean Doise qui soutient qu'Esterházy était en fait un
agent double utilisé par les services français pour « intoxiquer »
les Allemands afin de détourner leur attention au moment précis de
la création ultra-secrète du futur canon 75 Modèle 1897. Mais par
une enquête implacable, Jean Denis Bredin montre que la réalité
est plus prosaïque et qu'Esterházy a tout simplement trahi pour
l'argent alors qu'il était criblé de dettes.
9 août: Le général Gallieni,
gouverneur général de Madagascar est promu général de division.
7 août - 9 septembre: Le Procès de
Dreyfus devant le conseil de guerre de Rennes s'ouvre dans une
ville en état de siège. Le général Mercier, chef des
antidreyfusard se fait huer à la sortie de l'audience. La presse
nationaliste et antidreyfusarde se perd en conjectures sur son
silence à propos de la «preuve décisive»
dont il n'avait cessé de faire état avant le procès, soit le
pseudo bordereau annoté par le Kaiser, dont personne ne verra
jamais aucune preuve.
Deux anciens ministres de la guerre témoignent contre lui. Le
général Mercier et le général Cavaignac défendent l'armée.
Maître Labori est victime d'un attentat sur son parcours vers le
tribunal. Il se fait tirer dans le dos par un extrémiste qui
s'enfuit et ne sera jamais retrouvé. L'avocat est écarté des
débats pendant plus d'une semaine, au moment décisif de
l'interrogatoire des témoins.
Après son aveu, Esterhazy n'est pas présent. L'accusation ne
tient pas en sa présence qui à elle seule aurait innocenté
Dreyfus. La défense ne tenait pas à demander une extradition qui
aurait retarder le procès de plusieurs mois voir d'une année.
Celui qui s'accuse d'être le rédacteur du bordereau n'est donc
même pas convoqué en qualité de témoin !
Dreyfus est reconnu coupable de trahison par 5 voix contre 2
mais «avec circonstances atténuantes», condamné à dix ans de réclusion et à une nouvelle
dégradation. Contrairement aux apparences, ce verdict est au
bord de l'acquittement à une voix près. Le code de justice
militaire prévoyait en effet le principe de minorité de faveur à
trois voix contre quatre.
Ce verdict
a les apparences d'un aveu coupable des membres du Conseil de
guerre. Ils semblent ne pas vouloir renier la décision de 1894,
et savent bien que le dossier ne repose sur aucune pièce
d'accusation. Cette décision
semble aussi un verdict habile,
car les juges, tout en ménageant leurs pairs ainsi que les
modérés angoissés par les risques de guerre civile,
reconnaissent implicitement l'innocence de Dreyfus. Comment
trahir avec des circonstances atténuantes?
Le lendemain du verdict, Alfred Dreyfus, après avoir beaucoup
hésité, dépose un pourvoi en révision. Waldeck-Rousseau, dans
une position difficile, aborde pour la première fois la grâce
possible avec la nouvelle décision du Conseil de Guerre.
Pour Dreyfus, c'est accepter la culpabilité. Mais à bout de
force, éloigné des siens depuis trop longtemps, il accepte.
13 août - 21 septembre:
À Paris, Jules Guérin et
plusieurs de ses amis de la Ligue antisémite sont assiégés par
la police pendant 38 jours dans l'immeuble du 51 de la rue Chabrol.
Le "fort Chabrol" est le siège du "Grand Occident de
France" adversaire du "Grand Orient de France" maçonnique.
Le préfet Lépine quitte le Conseil d'Etat pour reprendre du
service par sympathie pour Waldeck Rousseau. Il dirige le siège
policier et laisse pourrir la situation après avoir coupé le
ravitaillement, l'eau et le téléphone. Cette aventure
antidreyfusarde n'a aucune issue possible. Les antisémites de la
ligue de Guérin finissent par se rendre par manque de vivres. Le
siège policier fait diversion lors du second procès de Dreyfus.
Les ligueurs restent libres à l'exception de Guérin qui sera
condamné par la Haute Cour de Justice à dix ans de prison en
janvier 1900. Le 14 juillet 1901, sa peine est commuée en
bannissement. Il se réfugiera en Belgique. Sa condamnation signe
la fin du "Grand Occident de France" et de la ligue antisémite.
Septembre: Le
bureau du contre espionnage disparaît au profit de la Sûreté Générale.
19 septembre: Le Président Loubet gracie Dreyfus
sur proposition de Waldeck-Rousseau. Auguste Scheurer- Kestner meurt le même jour.
21 septembre: Dreyfus est libéré
et peut retrouver sa famille. Son frère Mathieu Dreyfus, le commandant Picquart
et Clemenceau lui reprochent de ne pas avoir continué la procédure. Il devait
être acquitté. Un goût de "non fini" passe mal. L'affaire n'est pas seulement judiciaire. Elle est aussi
politique. Quand Clemenceau arrivera au pouvoir, il la relancera pour obtenir la réhabilitation définitive.
3 - 8 décembre: Le Premier congrès général réunit 1452 organisations socialistes pour poser la question de la
participation au Gouvernement. Jules Guesdes qui est contre la participation au Gouvernement s'oppose à Jean Jaurès qui y est favorable.
27 décembre: La loi d'amnistie pour tous les faits relatifs à l'affaire Dreyfus, est votée. Zola en bénéficie.
LA RÉPUBLIQUE ANTICLÉRICALE S'IMPOSE
1900
Janvier: La
Dissolution de la congrégation des assomptionnistes, est
édictée.
2 mars: Charles Maurras publie sa
doctrine "Le nationalisme Intégral" dans la Gazette de France.
Le nationalisme intégral est une variante démocratique du
solidarisme contre le corporatisme. La société doit disposer
d'une hiérarchie sociale, mais que les différentes classes
doivent collaborer entre elles. la meilleure institution
politique possible pour une nation dépend de son histoire, de
sa culture et de son environnement humain. Le nationalisme
intégral soutient le localisme, la décentralisation et le principe d'une Église nationale
qui se fédère dans
l'église universelle.
13 mars: La loi Millerand limite
la durée de la journée de travail à 10 heures par jour pour
les enfants et les femmes et à 12 heures pour les hommes.
1er avril: La
réforme de la police prévoit que les policiers pourront porter
un revolver.
14 avril: Le Président de la
République Loubet inaugure l'Exposition universelle sur les Champs Élysées aux
petits et grands palais et sur l'esplanades des invalides au pied de la Tour
Eiffel. Le cinématographe de Louis Lumière est présenté. 83000 exposants
recevront 50 millions de visiteurs.
22 avril: Le chef indigène Rabah à Kousseri
subit une défaite au
Cameroun contre les troupes françaises, près de la frontière avec le Tchad.
6 mai: Les élections
municipales enregistrent le recul des nationalistes aux
municipales. Pierre Waldeck Rousseau a réussi à maintenir
l’alliance des socialistes, des radicaux et des modérés et
gagne les élections.
20 mai: Les second jeux
olympiques sont inaugurés à Paris.
19 juillet: Inauguration du premier
métro Vincennes-Porte Maillot à Paris est inauguré .
L'ingénieur est Fulgence Bienvenue et l'architecte
décorateur est Hector Guimard.
Août - septembre: Le contingent français
emmené par Marchand participe en Chine à
la répression de la révolte des Boxers.
14 août: Pékin
est reprise par l'expédition
militaire internationale.
28-30 septembre: Le Congrès socialiste de la salle Wagram
constate la séparation entre Jaurès et Guesde.
30 septembre: Une nouvelle loi
de Millerand abaisse la durée de la journée de travail pour
les hommes de douze heures à onze heures.
16 octobre: L'Accord franco-anglais sur la Chine
est signé.
1er décembre: L'ouverture du barreau aux femmes
est votée.
16 décembre: Un Accord secret franco-italien sur la
Tripolitaine soit la province occidentale de la Libye est
signé par échange de lettres.
1901
Pour lutter contre la crise qui touche les
petits fabricants parisiens de jouets et de quincaillerie, le
préfet de police Louis Lépine crée un Concours-Exposition qui
deviendra plus tard le Concours Lépine.
24 mars: La France recense
38 962 000 habitants.
26-28 mai: Le congrès du parti socialiste
est réuni à Lyon constate la rupture définitive entre Jaurès et Jules Guesde.
21-23 juin: Le congrès de fondation du parti républicain
radical réunit le parti radical, le parti radical-socialiste
et le parti républicain pour devenir le premier parti de France.
30 juin: L’Union
socialiste-révolutionnaire est créé à partir du parti ouvrier français de Jules
Guesdes, du parti socialiste-révolutionnaire d'Edouard Vaillant et de l'Alliance
communiste pour combattre le ministérialisme prôné par les socialistes
réformistes.
1er juillet: La loi sur les associations
est votée pour prévoir la liberté complète des associations loi 1901.
C'est le premier acte de la séparation de l'Église et de L'État. Les
congrégations religieuses doivent quant à elles avoir une autorisation.
20 juillet: Protocole franco-marocain sur la police des
frontières est signé.
7 septembre: Le Protocole international sur la Chine,
prévoit que les puissances étrangères peuvent
installer des bases militaires à Pékin, à Tien-Tsin et
dans une partie de la côte est.
Septembre: Les souverains russes
sont en visite officiel en France.
23 octobre: L'Alliance républicaine
démocratique est fondée autours de l'ingénieur Adolphe
Carnot, le frère du président Sadi Carnot. Cette formation de centre droit
regroupe les anciens réseaux politiques autour de Jules Ferry, Léon Gambetta ou
Léon Say.
1902
21 janvier: Unification de l'heure en France:
tout le pays adopte l'heure de Paris.
5 février:
L'heure de travail est fixée à 9 heures pour les mineurs.
24 mars: Jaurès et les réformistes fondent le parti socialiste français.
27 avril - 11 mai: Les élections législatives
enregistrent une nouvelle victoire du Bloc des gauches avec 465 sièges contre 124
sièges pour la droite.
mai: La course cycliste classique Paris Roubaix
est créée sur les pavés du nord.
8 mai: L'éruption de la montagne Pelée en Martinique
provoque 30.000 morts.
7 juin: Le Ministère Émile Combes est formé sur
les indications de Waldeck Rousseau qui quitte le Gouvernement pour des
raisons de santé. Son passé de séminariste lui vaut le surnom de "Père Combes"
27 juin:
Le décret Combes fait fermé plus de 2500 écoles confessionnelles en France. La loi réduit à 10 heures 30, la journée de travail pour les hommes.
28 juin:
La Tripe alliance est renouvelée entre l'Angleterre, la France et la Russie.
10 juillet: L'accord politique secret entre la France et l'Italie
est renouvelée: les deux pays s’engagent à respecter la liberté d’action de
chacun en Tripolitaine et au Maroc. L’Italie gardera sa neutralité en cas
d’agression directe ou indirecte de l'Allemagne contre la France.
27 juillet: Les tenants des écoles confessionnels
et leurs adversaires manifestent violemment à Paris. Le préfet de police
Lépine envoie la troupe.
2 août: Le décret du gouvernement du "père Combes" ordonne
la fermeture des congrégations en «situation irrégulière».
Les congrégations sont expulsées hors de France.
26-28 septembre: Le parti socialiste de France est fondé par les blanquistes et les guesdistes.
29 septembre: A Paris, Émile Zola meurt asphyxié du fait d'un conduit de
cheminée bouchée. Sa femme Alexandrine en réchappe de peu. Victime des ligues antisémites qui enfumaient les dreyfusards pour les faire sortir de leur
"terrier" comme des renards. Profitant des travaux sur un toit voisin, comme il s'en est lui-même accusé quelques
semaines avant de mourir en 1928, Henri Buronfosse a bouché le conduit de cheminée des Zola. Une enquête
réalisée par des policiers anti-dreyfusards, n’aboutit à aucune conclusion.
Carte postale appelée "entier postal" type Moucheron. Le timbre imprimé sur la Carte, est dessiné
et gravé par Louis Eugène Moucheron (1843 -1914). le timbre qui porte son nom, représente les Droits de l'Homme. Il s'agit d'un 10 centimes dit type 2 plus orangé
que le type 1. Les premières cartes postales avec photo apparaissent dans les années 1880.
Cette carte postale est blanche au verso. Elle est destinée à la correspondance. Sur celle-ci, il s'agit
d'une rectification de facture de la part d'une usine de tissus "Collangette et Jame" située à Tarare dans le Rhône, adressée à son fournisseur.
Il lui est indiqué qu'il peut réclamer les sommes corrigées à la banque Crédit Lyonnais de Tarare.
Cette carte postale est partie de Tarare le 3 octobre 1902 à 19 heures pour arriver le 5 octobre 1902 à La Longine, jour des
obsèques d'Emile Zola. La Longine est un village d'environ 650 habitants, ayant pour activité principal, le tissage de tissus. Le cachet à date est entouré de
pointillés destiné aux villages ruraux, alors que le cachet à date de Tarare qui avait environ 12 500 habitants, est un cachet de ville.
5 octobre: Tandis que ses ennemis se réjouissent de ce "fait divers naturaliste",
une foule immense où les mineurs du Nord scandent "Germinal", suit le cercueil de l'écrivain vers le cimetière
Montmartre. Anatole France qui a exigé que Dreyfus soit présent aux obsèques, alors que le Préfet de police souhaitait son absence
"pour éviter les troubles", lit son oraison funèbre devant la tombe de son ami: "Envions-le, sa destinée et son cœur
lui firent le sort le plus grand: il fut un moment de la conscience humaine."
1903
Mai: Le ministre des affaires étrangères Delcassé organise la visite officielle du roi d'Angleterre
Édouard VII à Paris.
17 mai: Les socialistes
s'affrontent contre les catholiques à Paris. Le préfet de police Lépine envoie la troupe pour séparer les manifestants.
1er-19 juillet: Premier tour de
France cycliste: au terme d'une course de 2428 km, Maurice Garin remporte la course.
11 juillet: La loi sur l'hygiène dans les ateliers est votée.
6-9 juillet: Le Président de la République Émile Loubet se rend en visite officielle à Londres
avec son ministre des affaires étrangères Delcassé qui veut finaliser l'entente cordiale contre l'Allemagne.
Octobre: Le roi d'Italie Victor-Emmanuel III vient en visite officielle à Paris.
1904
Mars: La loi obligeant
les écoles privées à fermer dans un délai de 10 ans, est votée.
8 avril: L'Entente cordiale avec la Grande-Bretagne
est signée sous l'égide du ministre des affaires étrangères Delcassé. Les français gardent le Maroc et les Anglais l'Égypte.
18 avril: Le premier numéro de l'Humanité de Jean Jaurès parait.
23 avril: Lors de la visite
du Président de la République Émile Loubet à Rome, le Vatican proteste en raison
de la politique anticléricale du gouvernement français et refuse de le recevoir.
21 mai: L'ambassadeur de France au Vatican
est rappelé sans être remplacé.
Juin: Un décret interdit aux ecclésiastiques
à se présenter aux
épreuves de l'agrégation.
7 juillet: La loi interdisant l'enseignement à tous les
congréganistes, est votée.
30 juillet: La Rupture des relations diplomatiques avec le
Vatican est officialisée. À l'origine, le projet de loi de
séparation de l'Église et de l'État échaude le pape. Puis
Émile Combes, Président du Conseil des Ministres, prétend
vouloir nommer les évêques français, sans solliciter le
Vatican. Pie X refuse de recevoir à nouveau le Président de
la République Émile Loubet. Enfin, le Vatican rappelle 2
évêques français "républicains", pour un entretien sans en
informer la France.
28 octobre: Le journal Le
Figaro révèle l'affaire des fiches. Le ministre de la guerre
Louis- Joseph André établit des fiches sur les officiers
ayant des pratiques religieuses et les fait étudier par les
Francs-Maçons du Grand Orient de France. Dans la pratique,
la direction du C.O. (le Conseil de l'Ordre) fait passer une
circulaire aux vénérables maîtres (présidents) de chaque
loge de cette obédience pour leur demander de rassembler à
leur niveau le plus d'informations possibles sur les
officiers des garnisons de leurs villes ou départements. Si
de nombreux vénérables (généralement ceux des loges
bourgeoises modérées qui désapprouvent les excès du
combisme) ne donnent pas suite, ne voulant se compromettre
dans une opération de "basse politique", d'autres, surtout
ceux des ateliers les plus extrémistes (radicaux ou
socialistes), se lancent avec enthousiasme dans l'opération
par haine du clergé, de la religion ou même de l'armée.
Sur les fiches ainsi constituées, on pouvait voir des
mentions comme « VLM » pour « Va à la messe » ou « VLM AL »
pour « Va à la messe avec un livre ». Les fiches ne se
contentent pas de rapporter uniquement des faits comme en
témoignent les appellations de "clérical cléricalisant", "cléricafard",
"cléricanaille", "calotin pur-sang", "jésuitard", "grand
avaleur de bon Dieu", "vieille peau fermée à nos idées",
"rallié à la République, n'en porte pas moins un nom à
particule". Les fiches rapportent aussi la vie privée ou
familiale des officiers: "Suit les processions en civil", "a
assisté à la messe de première communion de sa fille",
"Membre de la Société Saint-Vincent-de-Paul", "À ses enfants
dans une jésuitière", "Reçoit La Croix chez lui", "A
qualifié les maçons et les républicains de canailles, de
voleurs et de traîtres", "richissime", "a une femme très
fortunée", "Vit maritalement avec une femme arabe", "A reçu
la bénédiction du pape à son mariage par télégramme".
4 novembre: Le député
nationaliste Gabriel Syveton qui avait giflé le ministre de
la guerre en pleine séance de la chambre est mystérieusement retrouvé mort alors qu'il
devait passer le lendemain devant le tribunal correctionnel.
La ligue de la patrie française créée en 1898 ne survit pas
Syveton. Elle est dissoute. Jules Lemaître rejoindra
l'Action Française.
15 novembre: Le général André, ministre de la
Guerre, démissionne suite à l'affaire des fiches.
1905
10 janvier: Paul Doumer est élu à la présidence de la
Chambre des députés.
18 janvier: Émile Combes démissionne de la
présidence du Conseil suite à l'affaire des fiches.
24 janvier: Rouvier forme son deuxième ministère.
Aristide Briand entre au Gouvernement.
21 mars: La loi réduisant le service militaire à deux ans
et le principe de sursis est votée.
31 mars: Le Coup de Tanger: Guillaume II se rend à Tanger où il prononce un discours contre la
politique française au Maroc. Il réclame une conférence internationale pour
décider du sort du Maroc. Guillaume II veut en expulser la France pour laisser
la place à l'Allemagne. Le ministre des affaires étrangères Delcassé tente
d'interdire la conférence internationale sans y parvenir. Elle se tiendra
l'année suivante à Algésiras.
23-26 avril: La Fondation du parti socialiste unifié (S.F.I.O.)
réunit les partis socialistes sous l'égide de Jean Jaurès.
6 juin: Delcassé qui refuse la réunion d’une
conférence internationale sur le Maroc, démissionne. Rouvier le remplace lui
même et garde la présidence du Conseil.
16 juin: La ligne de chemin de fer Paris - Nice
est inaugurée par la Compagnie Paris Lyon Méditerranée (PLM).
29 juin: La loi de réduction de la journée de travail à huit heures dans les mines,
est votée.
9 décembre: La loi de séparation des Églises et de l'État
est promulguée suite à l'intervention décisive d'Aristide Briand. L’État
garantit la liberté de conscience et de culte mais ne subventionne aucun
d’entre eux. Les biens des congrégations seront, après inventaire, dévolus à
de nouvelles associations cultuelles:
Article 1er:
« La République assure la
liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes [...] ».
Le premier article crée un large consensus. Le texte ne laisse que peu de
marge pour son application, par les mots « assure » et « garantit ».
Article 2: « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne
aucun culte [...] »
1906
6 janvier - 7 avril: La Conférence
Internationale d'Algésiras, est réunie pour déterminer
l'avenir du Maroc. Elle confirme l'indépendance du Maroc.
Elle rappelle le droit d'accès de toutes les entreprises
occidentales à son marché. Toutefois, elle consacre
l’influence de la France et de l'Espagne sur une partie du
territoire marocain. Les deux États se voient confier la
police des ports marocains et un Français est chargé de
présider la Banque d'État du Maroc.
18 janvier: Armand Fallières est élu Président de la
République au premier tour de scrutin, par 449 voix contre
371 à Paul Doumer.
11 février: L'Encyclique "Vehementer nos" du pape Pie X
condamne la séparation de l'Église et de L'État en France.
Les inventaires des immeubles et des meubles des églises en
France exigés par le Président de la République, tournent à
l'émeute entre catholiques et royalistes d'une part et
républicains d'autre part. De nombreux blessés sont comptés
dans les deux rangs. Des prêtres, pour éviter les
affrontements tout en simulant une vive opposition,
attendent les coups de semonce et ouvrent. Certains
dévissent les serrures pour que les portes puissent être
enfoncées sans trop de dégâts. Ailleurs, les autorités
administratives républicaines se contentent d'anciens
inventaires.
18 février: Rouvier forme son
troisième ministère. Clemenceau qui ne subit plus les
interdits des Présidents Faure et Loubet, rentre au
ministère de l'intérieur, alors qu'il devrait être "en fin de carrière".
10 mars: La Catastrophe minière de Courrières
fait 1 099
victimes.
14 mars : La grève est déclarée à Dourges.
Clemenceau fait
envoyer la troupe.
14 mars: Suite à la mort de
Gery Ghysel causé par l'inventaire de l'église de Boeschepe
dans les Flandres le 6 mars, Sarrien
forme son ministère. Il sera appelé par les nationalistes
"le ministère ça rien". André Régis blessé le 3 mars
en Haute Loire pour défendre une église décèdera trois
semaines plus tard.
Clémenceau doit faire arrêter les combats des inventaires. Il déclare au
Sénat:
"Nous trouvons que la question de savoir si l'on comptera ou
l'on ne comptera pas des chandeliers dans une église, ne
vaut pas une vie humaine."
7 avril: L'Acte d'Algésiras
consacre la victoire de la France sur L'Allemagne. Tanger
devient ville internationale, le nord du Maroc est occupé
par l'Espagne et le centre par la France. L'Allemagne
n'obtient rien.
6-20 mai:
Les élections législatives voient une nouvelle victoire du
Bloc de Gauche avec 411 sièges contre 174 sièges pour la
Droite.
3 juillet: La loi rétablissant le repos hebdomadaire
est promulguée.
12 juillet: L'Assemblée plénière de la Cour de Cassation prononce «l'arrêt de
réhabilitation du capitaine Dreyfus». Les
antidreyfusards crient à la réhabilitation à la sauvette et
à la violation de l'article 445 du Code de l'Instruction
Criminelle puisque la Cour de cassation juge du droit et non du
fait ne renvoie pas au Conseil de Guerre. Ils pensent constater
que la Cour de cassation a violé sa propre jurisprudence dans
un but non judiciaire mais politique. Mais ce qui est annulé
est non seulement l'arrêt de Rennes, mais toute la chaîne des
actes antérieurs, à commencer par l'ordre de mise en jugement
donné par le général Saussier en 1894. La Cour constate que Dreyfus ne doit pas être renvoyé
devant un Conseil de guerre pour la simple raison qu'il
n'aurait jamais dû y passer, devant l'absence totale de charges.
«Attendu, en dernière analyse, que de
l'accusation portée contre Dreyfus, rien ne reste debout ; et que l'annulation du jugement du Conseil de guerre ne
laisse rien subsister qui puisse à sa charge être qualifié crime ou délit ;
Attendu dès lors, que par application du paragraphe final
de l'article 445 aucun renvoi ne doit être prononcé.».
Lisez ici la totalité de l'arrêt Dreyfus au format PDF
Par conséquent, en annulant l'acte de mise en accusation, il n'y avait pas lieu de renvoyer Dreyfus
devant une juridiction de jugement et la Cour de Cassation pouvait clore définitivement le débat pour tourner la page définitivement.
21 juillet: Réintégré dans
l'armée au poste de commandant mais sans pouvoir prétendre à
un grade d'officier général, Dreyfus est décoré de la Légion d'honneur.
Le colonel Picquart est réintégré au grade de général de
brigade.
10 août: Le pape Pie X publie
l'Encyclique Gravissimo officii Munere pour interdire aux
congrégations de demander l'autorisation pour créer
des associations cultuelles. Monseigneur Duchesnes baptise
malicieusement cette Encyclique, Digitus in oculo soit
«doigt dans l'œil». Comme du fait de l'opposition du
pape, les congrégations ne sont pas reconstituées, le
"milliard" des congrégations, en réalité 400 millions de
francs sont dévolus à l'État français. Lors des inventaires
mobiliers , les catholiques se battent avec la police. Le
préfet Lépine participe lui même aux combats avec les
catholiques. Clemenceau fera arrêter les inventaires
mobiliers source de conflits physiques en déclarant: "un
chandelier ne vaut pas mort d'homme".
8-14 octobre: Le Congrès de la C.G.T
se réunit à Amiens.
25 octobre: Clemenceau arrive
enfin au pouvoir et forme son premier ministère. Il nomme le
général Picquart au poste de ministre de la guerre.
Décembre: Les chemins de fer de l'Ouest sont rachetés par l'État.
"LA BELLE EPOQUE" CONDUIT
A LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
La fin du XIX e siècle et la première partie du XX e siècle ont été appelées "la belle époque" pour désigner une période
ou la douceur de vivre était fondée sur les progrès de la science, qui annonçaient un avenir prometteur. Si la bourgeoisie a profité de cette période,
ce ne fut pas le cas pour tout le monde, notamment dans les usines ou les mines de charbon !
1907
L'association
des maires de France est créée.
4 mars: L'union Nationale des Étudiants de France (UNEF) est fondée à Lille.
12 mars: L'explosion du cuirassé Iéna dans le port de
Toulon met le feu à tout l'arsenal et provoque 118 morts dont sept officiers ainsi que 37 blessés dont l’amiral Henri-Louis Manceron.
17 mars: L’état d’urgence est proclamé en Roumanie.
25 mars: le gouvernement conservateur roumain démissionne et le lendemain le libéral Dimitrie
Sturdza prend en main la répression avec le général Alexandru Averescu au ministère de la guerre. L’artillerie
est utilisée contre les villages terrorisés par des expéditions punitives. La jacquerie est terminée à la mi-avril, après 12 000 morts.
Le gouvernement roumain est contraint de voter quelques réformes : loi sur les contrats agricoles,
loi dite de la « maison rurale » facilitant l’accès à la propriété des paysans pauvres.
Cette carte postée de Roumanie le 23 avril 1907 est arrivée à AArou en Suisse, le 26 avril 1907.
9 juin: La crise viticole est grave. Le midi rouge est en révolte.
La troupe a tiré sur la foule lors des manifestations viticoles à Narbonne du 5 mai. Les viticulteurs protestent à
Montpellier. Ils sont menées par Marcelin Albert et les viticulteurs minervois qui fondent le "Comité d'Argeliers".
21 juin: Mutinerie du 17e de ligne cantonné à Agde: les soldats
pillent une poudrière et marchent sur Béziers pour fraterniser avec les viticulteurs en colère.
23 juin:
Clemenceau rencontre Marcelin Albert
alors pourchassé par la police et qui se voit refuser
l'entrée à la chambre des députés. Clemenceau le persuade de retourner
calmer la rébellion et lui donne un billet de cent francs, qui sera d'ailleurs
remboursé, destiné à payer le retour en train. Mais aussitôt Marcelin Albert
parti, Clemenceau raconte son histoire à sa façon aux
journalistes, insiste sur ce billet, et discrédite
adroitement Marcellin Albert, entraînant la colère de ses
anciens amis. Le "rédempteur" devient le "vendu" et manque
de se faire lyncher. Albert part en Algérie, discrédité et
détesté, les vignerons d'Algérie se cotisent pour lui. Il
meurt quand même dans la misère.
29 juin: La
loi interdisant le mouillage et le sucrage du vin est
promulguée et met fin aux révoltes des viticulteurs du
Languedoc.
15 juillet: La
loi sur la circulation des vins et spiritueux est promulguée.
3 août: Casablanca
est occupé par un corps
expéditionnaire français.
11-14 août:
Le Congrès S.F.I.O se réunit à Nancy.
31 août: La Formation de la Triple-Entente
entre la France,
le Royaume-Uni et la Russie est officielle.
8 septembre:
L'Encyclique Pascendi de Pie X, signe la
condamnation solennelle du modernisme.
30 décembre:
Les chauffeurs de la Drôme sévissent. Ils brûlent les pieds
de leurs victimes pour leur faire avouer où sont cachées
leurs économies. Ils tuent la nuit et le jour, reprennent
leurs activités de cordonnier ou de maçon. Pour lutter
contre cette criminalité, Clemenceau crée douze Brigades
Mobiles régionales de police judiciaire. Elles prendront le
nom de "Brigade du Tigre". En moins de deux ans, elles
totalisent 2 695 arrestations, dont 65 meurtriers, 7
violeurs, 10 faux-monnayeurs, 283 escrocs et 193
cambrioleurs !
1908
Janvier-mars:
Le général d'Amade occupe la Chaouïa au Maroc malgré les protestations de l'Allemagne.
21
mars: Le n°1 du journal d'extrême droite L'Action
Française est publié. Il est tout se suite tiré à 30 000
exemplaires. Trois génies en feront sa réputation: Charles
Maurras, Léon Daudet, le fils d'Alphonse Daudet et l'historien
Jacques Bainville.
Le critique Jules Lemaître les rejoint.
Des jeunes gens parmi lesquels les
frères Réal del Sarte et les frères Lefèvre vendent le journal
à la criée le dimanche à la sortie des Églises.
Par dérision,
ils sont appelés "Les Camelots du Roi" puisqu'ils proposent leur marchandise aux passants. Les jeunes
militants d'Action Française relèvent le défi et adoptent
cette appellation.
10 avril: La
loi Ribot-Siegfried sur les habitations à bon
marché, est promulguée. Elle crée l'ancêtre des HLM.
13 avril: La
loi amendée sur la dévolution des biens de l’Église est
promulguée.
18 mai: Le pourquoi pas ? le navire
d’exploration polaire du commandant Charcot est lancé à
Saint Malo.
4
juin: Les cendres d'Émile Zola sont transférées au
Panthéon.
Alfred Dreyfus y assiste. Les royalistes y assistent pour
insulter le président de la République tout le long le
trajet de sa voiture au cri de "A bas Fallières ! A bas
Zola !"
Grégory, un collaborateur du journal
nationaliste Le Gaulois lui tire deux balles. Dreyfus est
légèrement blessé au bras.
27-30 juillet:
A Draveil et à Villeneuve Saint Georges, des affrontements entre les grévistes
et la troupe provoquent plusieurs morts.
1er août:
En réaction, Clemenceau fait arrêter les dirigeants de la
C.G.T.
Septembre:
Les incidents franco-allemands à Casablanca démontrent que
les allemands n'ont pas renoncé au Maroc.
14 décembre:
Le Journal officiel publie la liste bien incomplète des
inventaires des biens de l'Eglise de France.
1909